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Accès aux soins en Arménie : soutenir une population prise en otage

[Accès aux soins en Arménie] Le 23 février dernier, une ordonnance de la Cour Internationale de Justice ordonnait à l’Azerbaïdjan de mettre fin au blocus corridor de Latchine. Il s’agit de l’unique route reliant l’enclave du Haut-Karabakh à l’Arménie. Les 120 000 habitants de l’enclave, majoritairement arméniens, se retrouvent privés d’approvisionnement en médicaments et nourriture depuis près de trois mois. L’association Tulipe a donné une tonne de produits de santé à l’ONG EliseCare qui s’occupera de les acheminer prochainement dans cette région en pleine crise humanitaire.

Le blocus du Haut-Karabagh (Artsakh) a débuté le 12 décembre 2022. Des « militants » azerbaïdjanais empêchent toute circulation sur l’unique route qui relie la province à l’Arménie. Seuls quelques véhicules de la Croix Rouge peuvent atteindre cette zone où vivent 120 000 habitants. L’ONG EliseCare avait déjà réussi à faire passer un envoi humanitaire via la Croix Rouge en Artsakh fin 2022 : « les 18 kits de produits de santé sont arrivés en Arménie et en cours de dédouanement. Ces médicaments et le matériel médical serviront à alimenter une de nos cliniques mobiles en Artsakh. », explique Elise Boghossian, fondatrice et présidente d’EliseCare.

Accès aux soins en Arménie, clinique mobile

Une clinique mobile de l’ONG EliseCare pour l’accès aux soins en Arménie (DR – Elise Care)

« Plusieurs missions, plusieurs bases et des cliniques mobiles »

L’ONG est présente depuis 2019 en Arménie et offre un accès aux soins à la population arménienne, à travers de multiples compétences médicales proposées par ses cliniques mobiles. « Composées par une équipe complète avec un médecin et un pédiatre, elles nous permettent de structurer dans des conditions optimales et efficaces une mission au plus près des zones de conflits dans le pays. Nous avons plusieurs missions, plusieurs bases et des cliniques mobiles avec des ambulances. », précise Elise Boghossian.

« La population doit faire face à des offensives répétées »

Outre l’Artsakh, EliseCare agit ainsi sur plusieurs sites en Arménie : Gyumri, une des villes les plus pauvres du pays, ancienne zone du tremblement de terre de 1988. L’ONG soutient notamment un orphelinat qui accueille 300 enfants. « Nous sommes en train de préparer une clinique mobile dans le Syunik où la population doit faire face à des offensives répétées des troupes azerbaïdjanaises qui veulent découper cette région et assurer une continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, tout en coupant l’Arménie de la frontière avec l’Iran. Les populations ne peuvent donc pas accéder aux soins. Nos cliniques mobiles ont pour objectif de pallier cette situation. », détaille Elise Boghossian. Les estimations des précédents conflits font état de plus de 30 000 morts. Plus de la moitié de la population a été déplacée, soit plus de 70 000 personnes, dont 90% de femmes et d’enfants ».

Accès aux soins en Arménie des populations isolées

Depuis la guerre des 44 jours en 2020, les activités de l’ONG EliseCare se sont intensifiées en Arménie (DR – Elise Care)

Une activité humanitaire dès 2002

La fondatrice de l’ONG, française, petite-fille de déportés arméniens s’y rend individuellement depuis 2002 et y démarre son activité humanitaire. Ce sont en revanche ces trois dernières années qui marquent une évolution inquiétante de la situation : « en 2019, un an avant la guerre, il y avait déjà des prémices de ce qui allait arriver, avec des attaques et des violations de cessez-le-feu régulières. Dès cette date, nous avons commencé à travailler avec des secouristes, à travers des missions de formation aux premiers secours et de sauvetage au combat. Nous avons distribué du matériel de survie, des kits médicaux et des traumakits. Depuis la terrible guerre des 44 jours en 2020, nos activités se sont intensifiées et nous avons à présent une équipe permanente sur place ».

Un situation politique extrême

Après trois mois de blocus de l’Artsakh, l’enjeu dépasse le cadre humanitaire pour Elise Boghossian : « Ce n’est pas un problème d’assurer une aide humanitaire pour les 120 000 personnes que comptent aujourd’hui la région. La diaspora arménienne le fait très bien. Nous sommes environ 10 millions dans le monde. La situation politique extrême a provoqué l’exode des populations et c’est ce qui dramatique car il s’agit là d’un ethnocide. De plus, les conditions d’insécurité rendent le travail des humanitaires extrêmement difficile, et les médecins locaux quittent certaines régions en raison d’un contexte marqué par la peur ».

Elise Boghossian ONG Elise Care Arménie

Elise Boghossian, fondatrice de l’ONG, Elise Care, française, petite-fille de déportés arméniens

La dimension de l’affect

« Nous essayons de combler ce manque en apportant une aide médicale, la plus complète possible et gratuite à la population. En marquant notre présence, nous faisons partie de cette force de la diaspora qui soutient, construit ou reconstruit les maisons, fait fonctionner le système de santé, assure des formations universitaires… Nous sommes dans une situation ou l’avenir est sombre… Il est plus facile pour moi de travailler en Irak ou en Syrie que dans mon propre pays d’origine. Il y a la dimension de l’affect : j’y emmenais avant mes enfants en vacances, aujourd’hui c’est devenu impossible ».

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L’ONG EliseCare cherche à créer de plus petites unités mobiles pour atteindre les populations les plus isolées en Arménie

Accès aux soins en Arménie : un besoin en compétences et ressources supplémentaires

Aujourd’hui, pour l’Arménie, l’ONG a besoin de ressources supplémentaires dans le domaine de la psychotraumatologie, des cardiologues, des pédiatres et autres spécialistes. « Nous manquons de compétences. Il nous faudrait encore plus de cliniques mobiles. Certaines régions d’Arménie sont devenues de véritables déserts médicaux, et les ambulances aménagées en cliniques mobiles permettent de franchir des routes de montagne escarpées. Il s’agit donc de créer de petites unités mobiles afin d’effectuer des rotations plus fréquentes dans ces endroits moins accessibles », conclut Elise Boghossian.

Focus sur l’ONG EliseCare

Experte dans le traitement de la douleur, EliseCare est une Organisation Non Gouvernementale de solidarité internationale reconnue d’intérêt général depuis 2015. Apolitique et laïque, sa vocation principale est d’apporter une aide médicale et psychologique d’urgence aux populations civiles vivant en zones de conflit. Les soins sont dispensés sans discrimination religieuse ou politique aux rescapés des guerres et à toute personne victime de trafic d’être humain, de torture, de violence, d’abus sexuels. L’ONG se consacre également aux soins et à l’aide aux populations déplacées et réfugiées. EliseCare intervient actuellement en Syrie à Alep, au Liban, en Ukraine et en Ethiopie, en Irak.

Plus d’informations sur le site web d’EliseCare