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Opération pont aérien république démocratique du congo
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Tulipe participe au pont aérien humanitaire européen en République Démocratique du Congo

[Interview] Un pont aérien humanitaire civil a été mis en place le 9 mars par l’Union européenne vers la République démocratique du Congo (RDC). L’envoi du fret d’urgence de la France est coordonné par le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Un premier avion a ainsi décollé le 9 mars du Danemark avec 40 tonnes de fret humanitaire, dont près de 2,5 tonnes de médicaments offertes par l’association Tulipe. Explications avec Fanny Demassieux, directrice adjointe du CDCS.

Le fret français de 20 tonnes, auquel s’ajoutent 20 tonnes de matériel médical fourni par l’UNICEF, est composé notamment d’abris d’urgence offerts par le Centre de crise et de soutien – 400 tentes familiales permettant de prendre en charge 2000 personnes et 400 kits d’hygiène – ainsi que de près de 2,5 tonnes de médicaments offertes par l’association TULIPE : « comme l’approvisionnement est très difficile sur place et les besoins concernent tout le spectre pharmaceutique (pédiatrique, adulte, urgence). Nous avons utilisé les kits prépositionnés, prêts à partir en cas de demande. Comme celle-ci effectuée par le centre de crise et de soutien », explique Alexandre Laridan, directeur des opérations de l’Association Tulipe.

arrivée pont aérien république démocratique du congo

Arrivée en République Démocratique du Congo du premier avion du pont aérien (photo DR)

« La réponse de la France a été la mobilisation immédiate pour cette opération » Fanny Demassieux, directrice adjointe du CDCS

Fanny Demassieux directrice adjointe du Centre de crise

Fanny Demassieux (DR)

Dans quel contexte se réalise l’opération humanitaire menée en RDC ?

Fanny Demassieux : il existe une urgence humanitaire avérée à Goma, localité de la République démocratique du Congo. Elle est liée à une situation de conflit armé. La France soutient les efforts de la région pour parvenir à un cessez-le-feu et au retrait du M23 (NDLR : malgré la pression internationale et les multiples exhortations à mettre fin aux combats, le cessez-le-feu annoncé à partir de mardi 7 mars entre l’armée congolaise et la rébellion du M23 n’a pas été respecté). En raison de cette situation, à l’heure actuelle, les populations déplacées se comptent par centaines de milliers. L’accès à ces populations est difficile et les Nations Unies estiment leurs besoins pour cette année, uniquement pour la région de Goma, à plus de 400 millions de dollars. Cela donne une idée de l’ampleur de la crise qui touche cette région de la RDC.

Quel est le rôle et quelle est la contribution de la France ?

La France apporte depuis plusieurs années un soutien humanitaire en RDC. Cela via des contributions à des organisations rattachées à l’ONU et à des organisations non gouvernementales qui travaillent sur place.

La situation dégradée à Goma appelle néanmoins à un effort supplémentaire massif de la communauté internationale pour venir en aide à ces populations. C’est pour cela qu’en plus des 14 millions d’euros d’aide à la RDC prévus pour 2023 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le président de la République a annoncé samedi lors de son déplacement, une enveloppe de 20 millions d’euros complémentaires. Cette enveloppe est prévue uniquement pour la région de Goma et alimente les organisations œuvrant sur le terrain. Nos partenaires sur place, à Goma et dans la région du Nord du pays, travaillent sur des sujets tels que l’accès à l’eau, l’assainissement, la sécurité alimentaire ou encore la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale.

La deuxième partie de la réponse, après cette aide française de 20 millions d’euros complémentaires, est la mise en place de ce pont humanitaire européen qui vise à contribuer à la réponse apportée aux besoins urgents des populations.

Comment le Centre de crise mobilise-t-il ses partenaires ?

Pour la mise en place de ce pont humanitaire, la coordination est assurée par la Commission européenne et plus particulièrement par la direction générale ECHO (en charge de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes). Cette entité, avec laquelle nous travaillons régulièrement, organise la réponse des ONG et des États membres. Nous avions déjà eu quelques contacts avec eux pour voir comment aider les populations à Goma en amont de l’annonce du président de la République. Suite à l’annonce de Janez Lenarčič, commissaire européen chargé de ces questions, qui a lancé cette opération, la réponse de la France a été la mobilisation immédiate à la demande de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna. Sur place, nous travaillons avec notre ambassade, les Nations Unies, et les ONG partenaires. Cela pour comprendre exactement quels sont les besoins les plus urgents car il est essentiel de ne pas être redondant dans ces situations. C’est sur cette base que nous sollicitons alors nos partenaires : ONG, fondations ou associations. Nous leur demandons si elles peuvent contribuer à nos côtés. Nous disposons aussi de nos propres stocks mis à disposition en fonction du besoin sur place.

« Le partenariat avec Tulipe est extrêmement précieux pour le Centre de crise et de soutien »

Quelle est la logistique mise en place ? Comment cette opération est-elle sécurisée ?

Souvent, la France gère ses propres opérations logistiques. Celle de Goma est en revanche entièrement prise en charge par l’Union européenne. C’est par exemple un transporteur de l’Union européenne qui récupère les dons du CDCS et ceux des partenaires comme Tulipe sur leurs lieux de stockage. Ce matériel est ensuite acheminé jusqu’à l’aéroport de départ du vol, à Billund au Danemark.  Ce premier vol du pont humanitaire européen transporte 20 tonnes de produits donnés par la France et 20 tonnes supplémentaires données par l’UNICEF. Le rôle de l’organisateur du vol en amont – dans le cas présent, la Commission européenne – est notamment de s’assurer des possibilités d’un atterrissage et de déchargement sécurisé sur site. Nous ne travaillons qu’avec des partenaires de confiance pour éviter tout détournement de l’aide humanitaire sur place et garantir sa remise aux bénéficiaires identifiés.

Opération pont aérien république démocratique du congo

Le premier vol en direction de la RDC comportait 40 tonnes de fret d’urgence dont 2,5 tonnes de produits de santé Tulipe (DR)

Tulipe est votre partenaire depuis plus de 5 ans : sur quels types d’opérations faites-vous appel à notre association ?

Ce partenariat est extrêmement précieux pour le CDCS. Tulipe fait partie des partenaires de confiance et c’est une des raisons pour laquelle nous faisons beaucoup appel à l’association. La manière dont sont organisées les malles Tulipe, sous forme de kits pré constitués dédiés à la médecine générale adulte ou aux soins de pédiatrie, est particulièrement adaptée aux besoins des populations impactées par tous types de crises humanitaires.  Ces malles Tulipe sont vraiment très appréciées sur place car elles répondent parfaitement aux besoins des équipes ou centres médicaux sur place. Lorsque nous faisons appel à Tulipe, l’association est toujours au rendez-vous.

Préparation des malles tulipe pour la république démocratique du Congo

Préparation des malles Tulipe dans l’entrepôt de l’association

Comment cette action humanitaire d’envergure en RDC va se poursuivre dans les prochaines semaines ?

Un deuxième avion partira la semaine prochaine et emportera également de l’aide humanitaire provenant d’autres ONG européennes partenaires. Il y aura sans doute encore une contribution d’une entité française. La France a donc adopté une double approche : acheminement de biens humanitaires nécessaires via ce pont humanitaire et apport de financements complémentaires aux Nations Unies et aux ONG sur place pour une action renforcée sur le terrain. Nous resterons particulièrement attentifs tout comme notre ambassade en République démocratique du Congo et ses relais humanitaires, qui suivent l’évolution de ce conflit et la situation des populations déplacées.

L’association Tulipe et le Centre de crise et de soutien

Le 19 décembre 2017, une convention de partenariat était signée avec Jean-Yves Le Drian, alors ministre de l’Europe et des affaires étrangères et Michel Ginestet, ancien président de l’association Tulipe. Le Centre de Crise et de soutien (CDCS) du ministère, dirigé par l’ambassadeur Stéphane Romatet assure la coordination de la réponse française aux situations de crises humanitaires à l’étranger, depuis 2008. Tulipe devient, par cette signature, l’une des principales sources d’approvisionnement en produits médicaux du CDCS. Le CDCS assure le bon acheminement et la bonne utilisation de ces produits dans des contextes de crises sanitaires à travers le monde. La convention signée entre Tulipe et le ministère faisait suite à un premier partenariat initié en septembre 2017. Tulipe avait alors effectué une donation, à travers le CDCS, à destination de la Dominique, à la suite du passage de l’ouragan Maria dans les Caraïbes.