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Crise en Afghanistan : soutenir l’Institut Médical Français pour la Mère et l'Enfant à Kaboul

Monde
Publié le 01 Jun 2023

[Dossier] L’association Tulipe a donné une tonne de produits de santé, acheminée ce mois-ci à l’Institut Médical Français pour la Mère et l’Enfant (IMFE) à Kaboul en Afghanistan. Cet établissement de référence a été construit et est géré par La Chaîne de l’Espoir, une ONG soutenue depuis deux ans par l’association Tulipe. Sophie Tran, responsable géographique Asie de l’ONG et Aziz Jan, Directeur général de l’IMFE réagissent sur la situation en Afghanistan et son impact pour l’IMFE dont le fonctionnement est menacé par le retour des talibans au pouvoir.

Le 15 août 2021, les talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan avec la prise de Kaboul. Un retour qui n’a fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà critique bien avant cette date.  « Selon le rapport ReliefWeb de février dernier, les deux tiers de la population afghane auront besoin d’une aide humanitaire et d’une protection en 2023, ce qui représente la crise humanitaire la plus importante et la plus grave au monde. », souligne Aziz Jan, Directeur général de l’IMFE [Lire l’interview complète]. C’est dans ce contexte de sévère contraction économique, aggravé par des sanctions internationales visant le régime en place que l’association Tulipe et ses entreprises de santé adhérentes ont réalisé une donation de produits de santé arrivée récemment sur place. « Cette crise touche tous les secteurs, les pertes d’emplois sont très importantes et l’aide internationale, en particulier celle au développement, est également durement impactée. », explique Sophie Tran.

Citation Sophie Tran La Chaîne de l'Espoir

Un établissement hospitalier modèle à Kaboul

L’IMFE à Kaboul est l’établissement de référence et récipiendaire de la donation de Tulipe. « En 2021, nous avons effectué une première donation en coordination avec le Centre de crise et de soutien pour l’Afghanistan. C’est cette cellule du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui nous a mis en contact avec La Chaîne de l’Espoir. L’ambassade de France étant très proche de cette ONG et notamment l’IMFE de Kaboul qui accomplit une mission exemplaire dans le pays. », souligne Alexandre Laridan, directeur des opérations de l’Association Tulipe. C’est dans cet hôpital construit en 2006 que sont dispensés des soins dans la plupart des spécialités pédiatriques, médicales et chirurgicales des enfants et femmes Afghanes.

IMFE kABOUL La Chaîne de l'Espoir

L’IMFE accueille des patients issus de tous les milieux sociaux et venant de tout le pays (La Chaîne de l’Espoir – Photo d’archives)

Une prise en charge complète des patients afghans

En 2016, un bâtiment de 3 étages consacrés à la gynécologie-obstétrique et à la néonatologie est édifié ainsi que “Le Pavillon des Enfants”, dotée de 15 chambres et 45 lits. L’IMFE fonctionne avec des équipes médicales locales et accueille des patients issus de tous les milieux sociaux et venant de tout le pays. « L’établissement prend en charge leur transfert de leur région d’origine jusqu’à Kaboul, leur hébergement, leurs repas et leurs soins. », détaille Sophie Tran. L’IMFE se retrouve fragilisé par la grave crise afghane poursuit-elle : « la première difficulté c’est le départ de beaucoup de personnels médicaux qualifiés formé par les équipes de bénévoles de La Chaîne de l’Espoir mais aussi d’une partie du personnel administratif ».

Retour des talibans et mesures contre les femmes : la structure en difficulté

Cette fuite des compétences, due au retour des talibans à Kaboul, met en difficulté les équipes de La Chaîne de l’Espoir sur place et les obligent à s’adapter. Cela en réorganisant les équipes médicales pour faire face, par exemple, au départ de spécialistes qui s’occupaient de cas très complexes de chirurgie viscérale ou orthopédique. « Cette réorganisation a pour but de prendre en charge des enfants et des femmes qui se trouvent actuellement en liste d’attente sur ce type de pathologies. », précise Sophie Tran. Le 24 décembre 2022, les talibans ordonnent aux ONG de ne plus travailler avec des femmes afghanes. Une mesure restrictive qui a obligé les équipes de La Chaîne de l’Espoir à l’IMFE à segmenter et séparer les hommes et les femmes au sein de l’hôpital et du Pavillon des Enfants. « Nous poursuivons le dialogue avec les autorités, comme avec toutes les parties prenantes mais condamnons fermement les mesures prises par les talibans depuis leur arrivée, particulièrement le traitement réservé aux femmes. », ajoute Sophie Tran.

Alexandre Laridan Association Tulipe

Poursuivre malgré tout une mission auprès des plus fragiles

Les partenariats de La Chaîne de l’Espoir avec des ONG, notamment pour les soins aux réfugiés, ont également pris fin car certaines sont parties d’Afghanistan à la suite de ce même décret empêchant les femmes de travailler dans ces structures. Malgré cela, l’ONG, co-fondée et présidée par le docteur Éric Cheysson, poursuit avec courage et résilience sa mission sur place en renouant ces partenariats pour continuer à venir en aide aux réfugiés. « Depuis la reprise du pays par les talibans, l’approvisionnement est devenu de plus en plus complexe pour les structures afghanes. Le pays est encore plus dépendant de l’aide humanitaire qu’auparavant.  Il est d’ailleurs l’une des zones prioritaires de l’OMS qui a créé des clusters santé dédiés afin de venir en aide aux populations. Environ 1 000 000 d’Afghans reçoivent chaque mois des soins grâce à l’aide humanitaire. », conclut Alexandre Laridan.

« Sauver des enfants aujourd’hui pour construire le monde de demain »

C’est le crédo de La Chaîne de l’Espoir, une ONG internationale fondée en 1994. La Chaîne de l’Espoir est une ONG médicale internationale, indépendante et apolitique. Elle a pour vocation d’améliorer l’accès aux soins médico-chirurgicaux des personnes vulnérables, particulièrement les enfants et les femmes, dans des contextes de fragilité ou de crise. Au-delà des soins, La Chaîne de l’Espoir renforce les compétences des équipes médicales et paramédicales dans un objectif d’autonomie par de la formation, du soutien en ingénierie hospitalière et du transfert de technologie.