L’association Tulipe a donné 14 000 traitements (1,6 tonne de produits de santé) à son partenaire, l’ONG Action contre la Faim (ACF) qui les distribuera sur les sites de réfugiés arrivant au Tchad. Ils ont été acheminés début octobre sur place. Depuis le début du conflit au Soudan, plus de 418 126 réfugiés ont fui le Soudan (principalement du Darfour occidental) vers le Tchad, dans les provinces orientales du Ouaddai, Sila et Wadi Fira, en raison des combats.
L’acheminement des produits de santé donnés par Tulipe et ses entreprises de santé partenaires : « permettra de compléter les besoins en médicaments pour la prise en charges des urgences médicales et nutritionnelles sur les sites des réfugiés, sur les camps et au sein des centres de santé et à travers les cliniques mobiles d’ACF. Grâce à ces kits, les activités de santé de la reproduction à travers les consultations pré/post natales et les accouchements, les consultations curatives des enfants de moins de 5 ans et le traitement systématique des cas de malnutrition aigüe seront assurés dans les meilleurs délais au profit des populations réfugiées. », explique-t-on chez ACF qui œuvre au Tchad depuis 1982.
© Action contre la Faim au Tchad – Octobre 2023
600 000 réfugiés pourraient arriver d’ici fin 2023
Sur place, la situation humanitaire continue à se détériorer. Le nombre de personnes arrivant au Tchad augmente ainsi régulièrement depuis le 26 mai et s’est encore accéléré depuis juin dernier. « La grande majorité de ces réfugiés et rapatriés sont des femmes et des enfants, qui vivent toujours dans des conditions précaires près de la frontière soudanaise, où la situation sécuritaire est imprévisible. », constate l’ONG ACF. Compte tenu de l’instabilité qui prévaut, de la violence armée persistante et des affrontements intercommunautaires au Soudan, la communauté humanitaire et le gouvernement tchadien prévoient qu’au moins 600 000 réfugiés pourraient arriver d’ici la fin de l’année 2023.
© Action contre la Faim au Tchad – Octobre 2023
Une ville engloutie sous les tentes et les abris
Le département d’Adré dans la province du Ouaddai accueille plus de 234 426 personnes réfugiées. Soit quatre fois plus que sa population habituelle. La ville est engloutie sous les tentes et les abris de fortune, et les services de base sont totalement débordés, malgré la réponse des humanitaires. La situation est catastrophique sur tous les plans : santé, nutrition, abris, accès à l’eau et à l’assainissement, santé mentale, risque épidémique, sécurité alimentaire. Les infections respiratoires aiguës, les diarrhées aqueuses et le paludisme restent les trois pathologies les plus fréquentes. Un taux de 28% de malnutrition aiguë globale a été détecté parmi les enfants dépistés de moins de cinq ans à l’arrivée des premiers réfugiés.
Une clinique mise en place par Action contre la Faim
Pour soutenir les services de santé d’Adré, aux côtés d’autres organisations, Action contre la Faim a mis en place une clinique sur le site Lycée ainsi qu’une unité nutritionnelle thérapeutique à l’hôpital de la ville pour prendre en charge les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sans et avec complications médicales. Au-delà des traitements, des actions de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène et de soins sont menées auprès des communautés et des relais communautaires ont été formés à la détection et au dépistage de la malnutrition. Aminata Zoubeirou Mahaman, responsable du programme Nutrition et Santé d’Action contre la Faim s’inquiète : « Les enfants qui nous arrivent au niveau de l’unité nutritionnelle thérapeutique sont vraiment dans un état critique. Certains sont totalement sonnés d’avoir parcouru de longues distances dans le dos de leurs mamans pour se réfugier. En parallèle, le prix de denrées est en hausse ce qui peut entraîner la malnutrition au-delà des enfants réfugiés qui arrivent : même les autochtones sont exposés ».
Soutenir les formations sanitaires
La gratuité de soins n’étant pas effective par manque de médicaments essentiels et de ressources humaines, Action contre la Faim se propose donc de « soutenir les formations sanitaires pour renforcer la couverture des interventions préventives et curatives essentielles en santé et nutrition au profit des réfugiés et des populations hôtes à travers soit des cliniques mobiles ou des postes de santé dans les zones d’accueil des réfugiés, et/ou renforcer les capacités des formations sanitaires existantes pour faire face à la situation de choc que vit la région Est du Tchad et particulièrement le long de la frontière soudanaise sur les sites de déplacés non couverts par d’autres partenaires dans les provinces du Sila et du Ouaddai ».