La solidarité des entreprises de santé dont les dons sont fédérés par l’association Tulipe (Transfert d’Urgence de L’Industrie PharmaceutiquE) s’inscrit dans la durée. 100 tonnes de produits de santé ont été envoyées en Ukraine depuis le début de l’année 2023. Le point avec le directeur des opérations de l’association Tulipe, Alexandre Laridan.
Quel a été le volume de produits de santé donnés en faveur de l’Ukraine depuis janvier 2023 ?
Nous avons envoyé environ 100 tonnes de produits médicaux en Ukraine dans plusieurs parties du pays mais surtout proches du front actuel.
Quelles sont les ONG soutenues par Tulipe œuvrant pour l’Ukraine ?
Nous avons un parterre d’ONG assez bien défini sur place. Nous travaillons principalement avec l’Aide Médicale Franco-Ukrainienne (AMCFU) qui gère des donations, notamment dans les hôpitaux autours de la région de Kharkiv, ce qui est très important pour nous. Nous œuvrons également avec de plus petites ONG pour atteindre les zones rurales qui sont exemptes de produits médicaux. Pour cela, le nombre de partenariats a évolué. Une nouvelle ONG est soutenue par Tulipe, il s’agit de Safe, le Comité d’Aide Médicale Franco-Ukrainien auprès de qui une première donation a été effectuée à destination des zones situées à l’est du pays.
Trois des permanents de l’association Tulipe dans l’entrepôt du Thillay (95). C’est ici que son réceptionnés et contrôlés les dons des entreprises du médicament, que sont constitués les kits Tulipe et qu’ils sont envoyés ou récupérés par les ONG partenaires.
Comment évolue la situation dans le pays ?
La situation est toujours difficile à évaluer car très changeante. Ce qui est certain, c’est que les bombardements sont de plus en plus nombreux, particulièrement dans l’est, la région de Kharkiv. Cela fait que l’approvisionnement en produits médicaux est plus difficile car nous voulons contribuer à des chargements qui ne seront pas interceptés. Cela peut parfois nous amener à reporter certains envois. Les études menées par les Nations Unies nous montrent qu’il existe toujours un phénomène de déperdition, de difficulté d’obtenir des produits médicaux dans des zones rurales. Zones où se rassemblent de plus en plus souvent les populations fuyant les grandes villes bombardées. C’est pour cela que nous essayons le plus souvent d’atteindre ces zones.
Avec quel type d’ONG de terrain sont noués des partenariats ?
Nous avons noué un partenariat avec une ONG appelée Motanka (via The Heat Fund). Elle est très présente dans la région de Kharkiv. Cette ONG va agir dans ces zones rurales avec des caravanes médicales passant de village en village. C’est ce mode opératoire qui semble aujourd’hui le plus pratique en Ukraine.
Comment se mobilise aujourd’hui l’industrie pharmaceutique via Tulipe ?
Nous avions obtenu en 2022 beaucoup de donations des entreprises du médicament et aussi du dispositif médical. Une partie de ces dons de 2022 a été redirigée sur 2023. Nous avons essayé de garder des stocks sachant que cela allait être un peu plus dur d’obtenir des donations en 2023. La guerre continue, c’est une urgence comme beaucoup d’autres. Il n’est pas toujours facile de soutenir et d’interpeller pour obtenir ces donations. C’est justement ce que nous essayons de réaliser par un travail pédagogique auprès des laboratoires et du monde de la santé en règle générale. Nous expliquons que la guerre continue, que les besoins continuent. Nous ne pouvons pas lâcher nos donations, lâcher les Ukrainiens aujourd’hui.
Actuellement, quelles sont les autres zones d’intervention de l’association ?
L’urgence humanitaire actuelle se situe au Soudan avec la guerre interne que subit la population soudanaise. Il est aujourd’hui impossible pour les ONG médicales d’intervenir au Soudan tellement les conflits font rage. Une grande partie des réfugiés soudanais sont localisés au Tchad. Un pont humanitaire a ainsi démarré depuis plusieurs semaines pour aider les camps de réfugiés qui se sont constitués à la frontière entre le Soudan et le Tchad. Nous avons déjà envoyé plusieurs donations pour soutenir les populations.
